Mataiea s’appelait autrefois Vaiuriri du nom d’une source puis il s’est appelé Mataiea. Ce nom vient d’une expression mata i te e’a qui signifie « regarde le chemin » ou « évite le chemin” et qui s’adressait spécialement à la dynastie des Pomare qui voulait dominer sur tous les territoires de la Polynésie. Ce qu’il faut savoir, c’est que le lieu où les Pomare posaient leurs pieds devenait leur propriété.
Ainsi le chef de Mataiea refusait l’entrée d’un monarque Pomare sur ses terres en lui disant « Vois le chemin et évite le ». Il avait placé des guerriers à chaque limite (Est et Ouest) pour empêcher toute intrusion de roi étranger. Ainsi, arrivé aux limites de Mataiea, le clan des Pomare devait poursuivre leur chemin par la mer et aucun d’eux n’a ainsi foulé le sol du fief de Tetuaairoro.
Les guerriers étaient préparés sur la place de Mairipehe. Aujourd’hui, on y a construit une école, pourquoi pas l’école des guerriers protecteurs des temps modernes ? Si autrefois, on y préparait les guerriers à affronter l’ennemi, on est tenté d’admettre qu’aujourd’hui on y prépare des citoyens capables de résister aux injustices sociales.
Pomare, arrivé à la limite de Mataiea, devait obligatoirement prendre une pirogue et dépasser le territoire par la mer.
Le chef de Mataiea, appelé Tetuaairoro qui signifie » le dieu qui mange le cerveau « , était un dictateur respecté ou craint par sa population, tant son nom était terrifiant. Il consultait toutefois un comité de sages composé de hina potea, personnes aux cheveux grisonnants donc d’un certain âge. C’était un homme impulsif, nerveux et coléreux. Il n’admettait aucune erreur dans son district et tout délit était passible d’une peine capitale.
On dit même que le peuple était aussi nerveux que son chef: les himene le chantent souvent Mataiea teie te riri vave noa (Mataiea est celui qui se fâche facilement et rapidement ). Aujourd’hui, ce tempérament n’a pas vraiment évolué.
Source : Tahiti-Heritage.